Un peu sceptique au début, j’ai eu la première fois entre les mains le livre d’Elena FERRANTE, à l’occasion d’un anniversaire. Le titre m’avait plu et correspondait à la relation amicale que j’entretiens avec Sonia, mon « amie prodigieuse ».
Puis, piquée par la curiosité, j’ai très vite été happée dès les premières lignes…
Au début, la multiplicité des personnages est un peu déroutante, l’auteure nous plonge, au début des années 50, dans l’univers confiné et suffoquant d’un quartier misérable de Naples gangréné par la Mafia.
On y retrouve non pas une héroïne, mais deux, Lénu et Lila qui, par effet de miroir, forment un duo à la fois fusionnel et antagoniste. Les deux petites filles rivalisent très tôt d’ingéniosité pour se démarquer de ce milieu hostile et violent : Lila use de son emprise sur Lénu et l’incite à apprendre pour se sortir de cet univers sans porte de sortie.
Ainsi, la jeune Lénu poussée par l’énergie de son amie Lila excelle dans les études, tandis que la seconde, malgré son intelligence hors norme, fait le choix d’arrêter son chemin vers l’émancipation afin d’aider son père, cordonnier.
Leur adolescence les plonge dans la découverte de l’amour laissant peu de place à l’affect avec des relations hommes/femmes sans autre forme de communication que la violence.
Dans ce contexte particulier, elles doivent se défendre et s’affirmer pour ne pas être violées, mais découvrent heureusement les tourments des amours secrètes et passionnées.
Lila, qui fait tourner les têtes des garçons, et en impressionne certains par sa personnalité brillante, va sembler saboter son adolescence en se mariant à quinze ans, ce qui terrifie Lénu.
De son côté, Lénu tâtonne sans trouver de plaisir amoureux réel puis, tombe passionnément amoureuse de Nino qui, après un baiser, s’éloigne de son quartier pour fuir son père et devenir journaliste.
Au fur et à mesure de l’évolution des héroïnes qui se perdent puis se retrouvent par éclipses, se trament des révolutions sociologiques, culturelles, à travers l’amélioration des droits des ouvriers, sur fond de rivalité entre les fascistes et les communistes.
Un thème bien évidemment omniprésent : le besoin urgent d’émancipation des femmes à travers l’éducation.